Cet hiver la fréquentation touristique de la Martinique repart de plus belle. La destination a attiré plus de 850 000 touristes en 2016 - DR : JDL
En janvier 2016, l'annonce de Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui conseillait aux femmes enceintes de reporter leurs voyages dans les territoire d'outre-mer, en raison du virus Zika, faisait l'effet d'une bombe pour les professionnels du tourisme antillais.
« Il y a eu un effet de panique pendant un mois, un mois et demi, se souvient Joëlle Désir, directrice générale du Comité Martiniquais du Tourisme (CMT).
Mais le tourisme s'est bien défendu : nous avons renforcé les actions de promotion et les compagnies aériennes ont joué le jeu en remboursant uniquement les femmes enceintes, ce qui a entraîné des annulations sporadiques dans les hôtels.
Et puis, il ne s'agit pas de la première épidémie qui nous touche, nous avons aussi connu la dengue et le chikungunya ».
Cette année, la fréquentation touristique de la Martinique repart de plus belle. La destination a attiré plus de 850 000 touristes en 2016 (+8,1%), un record depuis 2000.
Cette hausse s'enregistre aussi bien sur le tourisme de séjour (519 303 arrivées, +6,6%) que sur le segment des croisières (276 056 arrivées en 2016, +16% par rapport à 2015). Et les perspectives pour 2017 sont aussi très bonnes, précise Joëlle Désir.
« Il y a eu un effet de panique pendant un mois, un mois et demi, se souvient Joëlle Désir, directrice générale du Comité Martiniquais du Tourisme (CMT).
Mais le tourisme s'est bien défendu : nous avons renforcé les actions de promotion et les compagnies aériennes ont joué le jeu en remboursant uniquement les femmes enceintes, ce qui a entraîné des annulations sporadiques dans les hôtels.
Et puis, il ne s'agit pas de la première épidémie qui nous touche, nous avons aussi connu la dengue et le chikungunya ».
Cette année, la fréquentation touristique de la Martinique repart de plus belle. La destination a attiré plus de 850 000 touristes en 2016 (+8,1%), un record depuis 2000.
Cette hausse s'enregistre aussi bien sur le tourisme de séjour (519 303 arrivées, +6,6%) que sur le segment des croisières (276 056 arrivées en 2016, +16% par rapport à 2015). Et les perspectives pour 2017 sont aussi très bonnes, précise Joëlle Désir.
Un démarrage en lenteur
Le début de l'année 2017 sur les Antilles françaises démarre, en effet, à la hausse pour de nombreux voyagistes français, après une fin d'année 2016 en demi-teinte.
C'est le cas notamment chez Turquoise TO, TUI ou encore Promovacances.
Plus globalement, le SETO note un recul de -12% des voyages à forfait sur la période novembre 2016-janvier 2017, alors que d'autres destinations des Caraïbes sont en hausse, à l'image de Cuba ou de la République Dominicaine.
« Les Antilles sont à contre-courant du marché régional, souligne Jürgen Bachmann, secrétaire général du SETO. Toutefois, la période hivernale, de novembre à fin avril, devrait être presque à l'étal. »
Le constat est plus sévère du côté de Les Entreprises du Voyage. « On note un net décrochage au dernier trimestre 2016 (voir graphique ci-dessous) par rapport à la même période en 2015, indique Richard Soubielle, vice-président de LEV et chargé du baromètre de la distribution de LEV/Atout France.
En dehors de l’effet Zika, qui s’estompe car les médias ne commentent plus cette actualité, il faut également tenir compte de la forte désintermédiation qui touche les professionnels de la vente en France (ventes on line et achat direct auprès des hôtels et résidence de tourisme).
Je n’ai pas de résultats concernant l’économie collaborative, mais je rappelle quand même que ces îles ont pratiqué bien avant Airbnb la location chez les privés... ».
C'est le cas notamment chez Turquoise TO, TUI ou encore Promovacances.
Plus globalement, le SETO note un recul de -12% des voyages à forfait sur la période novembre 2016-janvier 2017, alors que d'autres destinations des Caraïbes sont en hausse, à l'image de Cuba ou de la République Dominicaine.
« Les Antilles sont à contre-courant du marché régional, souligne Jürgen Bachmann, secrétaire général du SETO. Toutefois, la période hivernale, de novembre à fin avril, devrait être presque à l'étal. »
Le constat est plus sévère du côté de Les Entreprises du Voyage. « On note un net décrochage au dernier trimestre 2016 (voir graphique ci-dessous) par rapport à la même période en 2015, indique Richard Soubielle, vice-président de LEV et chargé du baromètre de la distribution de LEV/Atout France.
En dehors de l’effet Zika, qui s’estompe car les médias ne commentent plus cette actualité, il faut également tenir compte de la forte désintermédiation qui touche les professionnels de la vente en France (ventes on line et achat direct auprès des hôtels et résidence de tourisme).
Je n’ai pas de résultats concernant l’économie collaborative, mais je rappelle quand même que ces îles ont pratiqué bien avant Airbnb la location chez les privés... ».
Les stocks hôteliers, un débat sans fin ?
La problématique des stocks hôteliers et de leur commercialisation n'est pas nouvelle, mais elle inquiète toujours autant les professionnels.
« Il y a un manque de nouveaux hôtels, et les nombreux gîtes et boutique hôtels des Antilles ne sont pas toujours disposés à travailler avec les TO industriels et les agences, préférant passer en direct, » regrette Eric Thomas, directeur général de Turquoise TO.
Ce dernier redoute également l'ouverture aux marchés étrangers, notamment les États-Unis, qui pourrait entraîner une pénurie de stocks et dévaloriser l'offre touristique. « On voit cette destination très peu évoluer, elle semble vieillissante. Le départ du groupe Relais & Châteaux du Cap Est en Martinique a entraîné la fermeture du seul établissement 5* de l'île ».
« La clientèle américaine est différente de la française, elle ne va pas forcément dans les hôtels, mais plutôt dans des villas ou des hébergements de luxe, tandis que les Canadiens optent pour le Club Med, » rétorque Joëlle Désir.
La Martinique, qui souffre d'un déficit d'hébergements selon les voyagistes français, va agrandir son parc hôtelier de +20%. « L'ancien Méridien Kalenda, entièrement rasé et reconstruit, va être exploité par Melia, le Diamant les Bains sera aussi reconstruit. Il y a aussi l'ouverture du Diamond Rock, ainsi que des projets de villas et de conciergerie sur le segment du luxe.
Les hôteliers bénéficieront d'aides à la rénovation, avec un étalement de la dette fiscale et sociale et la mise en place d'un dispositif d'audit pour un véritable diagnostic.
Je rappelle aussi que le French Coco est passé en 4* et que plusieurs établissements sont passés d'une à deux étoiles. Tout ceci contribue à la montée en gamme de l'offre martiniquaise. Mais notre but n'est pas de proposer uniquement du 5* et du all-inclusive ».
« Il y a un manque de nouveaux hôtels, et les nombreux gîtes et boutique hôtels des Antilles ne sont pas toujours disposés à travailler avec les TO industriels et les agences, préférant passer en direct, » regrette Eric Thomas, directeur général de Turquoise TO.
Ce dernier redoute également l'ouverture aux marchés étrangers, notamment les États-Unis, qui pourrait entraîner une pénurie de stocks et dévaloriser l'offre touristique. « On voit cette destination très peu évoluer, elle semble vieillissante. Le départ du groupe Relais & Châteaux du Cap Est en Martinique a entraîné la fermeture du seul établissement 5* de l'île ».
« La clientèle américaine est différente de la française, elle ne va pas forcément dans les hôtels, mais plutôt dans des villas ou des hébergements de luxe, tandis que les Canadiens optent pour le Club Med, » rétorque Joëlle Désir.
La Martinique, qui souffre d'un déficit d'hébergements selon les voyagistes français, va agrandir son parc hôtelier de +20%. « L'ancien Méridien Kalenda, entièrement rasé et reconstruit, va être exploité par Melia, le Diamant les Bains sera aussi reconstruit. Il y a aussi l'ouverture du Diamond Rock, ainsi que des projets de villas et de conciergerie sur le segment du luxe.
Les hôteliers bénéficieront d'aides à la rénovation, avec un étalement de la dette fiscale et sociale et la mise en place d'un dispositif d'audit pour un véritable diagnostic.
Je rappelle aussi que le French Coco est passé en 4* et que plusieurs établissements sont passés d'une à deux étoiles. Tout ceci contribue à la montée en gamme de l'offre martiniquaise. Mais notre but n'est pas de proposer uniquement du 5* et du all-inclusive ».
Les Antilles, une destination authentique
« Un voyage aux Antilles est un achat culturel, en comparaison avec la République Dominicaine, où l'on achète un séjour dans un resort en all inclusive et où on profite de la plage », ajoute Christophe Barrère, directeur de production pour les séjours long-courrier et les circuits chez TUI.
« Ce sont davantage les séjours en demi-pension et en autonomie qui sont plébiscités, renchérit Didier Sylvestre, directeur général adjoint d'Exotismes.
La Martinique et la Guadeloupe sont avant tout des destinations de charme et authentiques, même si ce n'est pas toujours le cas dans l'hébergement, ça l'est pour le reste de l'offre. Et je note tout de même les efforts menés par des groupes comme Karibea et Des Hôtels & des Îles pour rénover leurs établissements ».
Alors pour se renouveler, certains TO innovent. TUI a par exemple lancé deux nouveaux produits originaux : « des aqualodges haut de gamme en Guadeloupe et des séjours en caravanes airstream en Martinique, pour les familles », précise Christophe Barrère.
Promovacances, de son côté, investit dans la plaisance, avec une offre de croisières en catamaran au départ de Fort-de-France, commercialisée sous la marque Karavel. « Nous opérons avec un équipage de 2 personnes pour une semaine dans les Grenadines. Ce produit s'adresse à une clientèle de métropole, qui n'aurait pas forcément eu le budget de voyager sur ce type de bateau ailleurs », explique Arnaud Devanlay, chef de produit Antilles, Amérique du Nord et Afrique Australe chez Karavel-Promovacances.
« Ce sont davantage les séjours en demi-pension et en autonomie qui sont plébiscités, renchérit Didier Sylvestre, directeur général adjoint d'Exotismes.
La Martinique et la Guadeloupe sont avant tout des destinations de charme et authentiques, même si ce n'est pas toujours le cas dans l'hébergement, ça l'est pour le reste de l'offre. Et je note tout de même les efforts menés par des groupes comme Karibea et Des Hôtels & des Îles pour rénover leurs établissements ».
Alors pour se renouveler, certains TO innovent. TUI a par exemple lancé deux nouveaux produits originaux : « des aqualodges haut de gamme en Guadeloupe et des séjours en caravanes airstream en Martinique, pour les familles », précise Christophe Barrère.
Promovacances, de son côté, investit dans la plaisance, avec une offre de croisières en catamaran au départ de Fort-de-France, commercialisée sous la marque Karavel. « Nous opérons avec un équipage de 2 personnes pour une semaine dans les Grenadines. Ce produit s'adresse à une clientèle de métropole, qui n'aurait pas forcément eu le budget de voyager sur ce type de bateau ailleurs », explique Arnaud Devanlay, chef de produit Antilles, Amérique du Nord et Afrique Australe chez Karavel-Promovacances.
Le boom de la croisière
Autres articles
-
Patrick Pourbaix (MSC Croisières) : "Nous sommes à un tournant de la croisière en France" 🔑
-
Royal Caribbean vise les 3 000 partenariats sur le marché français en 2024
-
MSC Croisières bat le record du "plus grand nombre de passagers jamais atteint en France"
-
Royal Caribbean devient le partenaire de... Messi
-
Exotismes : "vers un record absolu" en 2023
Mais le produit qui a « cartonné » cette saison, comme les années précédentes, c'est bien la croisière. « Nous comptabilisons plus de 33 600 visiteurs (+68,7% par rapport à 2015) en tête de ligne en 2016 et 199 escales, soit 14 de plus qu'en 2015, » fait remarquer Joëlle Désir.
Les croisiéristes n'augmentent pas pour autant leur flotte, mais positionnent des navires de plus grande capacité chaque année.
Ainsi, Costa Croisières positionnera en 2018 le Pacifica à la place du Favolosa, tandis que MSC échangera le Poesia contre le Fantasia.
Le retrait de Croisières de France sur la zone cet hiver aura certainement aussi permis un report de la clientèle vers Costa et MSC. « La concurrence est toujours très fluctuante sur l'arc antillais, témoigne Georges Azouze, PDG de Costa Croisières France, dont la compagnie est présente dans la zone depuis plus de 20 ans. Mais Costa est très présent en B2B sur les Antilles, car il s'agit d'une des zones les plus importantes en termes de ventes pour la France. »
« La compagnie est le plus important fournisseur de croisiéristes en Martinique, avec 60 798 passagers en 2016, souligne Joëlle Désir. Mais MSC enregistre aussi une croissance de +200% ».
Le succès des croisières dans les Caraïbes au départ des Antilles françaises est majoritairement porté par la clientèle locale.
« Les Antillais sont un peu comme les Canariens, ils n'ont pas de barrière avec la mer, analyse Emmanuel Joly, directeur commercial de Royal Caribbean International. Ils considèrent la croisière comme la première alternative pour les vacances ».
Si sa compagnie n'opère pas en tête de ligne, elle propose des escales à Fort-de-France à bord de l'Anthem of the Seas. « En hiver, l'immense majorité de nos navires sont basés dans les Caraïbes. C'est une zone attractive, exotique et qui bénéficie d'un effet sécurité. »
Royal Caribbean surfe aussi sur l'effervescence autour de l'Harmony of the Seas, construit dans les chantiers navals de Saint-Nazaire et qui se vend très bien auprès des clients français.
Les croisiéristes n'augmentent pas pour autant leur flotte, mais positionnent des navires de plus grande capacité chaque année.
Ainsi, Costa Croisières positionnera en 2018 le Pacifica à la place du Favolosa, tandis que MSC échangera le Poesia contre le Fantasia.
Le retrait de Croisières de France sur la zone cet hiver aura certainement aussi permis un report de la clientèle vers Costa et MSC. « La concurrence est toujours très fluctuante sur l'arc antillais, témoigne Georges Azouze, PDG de Costa Croisières France, dont la compagnie est présente dans la zone depuis plus de 20 ans. Mais Costa est très présent en B2B sur les Antilles, car il s'agit d'une des zones les plus importantes en termes de ventes pour la France. »
« La compagnie est le plus important fournisseur de croisiéristes en Martinique, avec 60 798 passagers en 2016, souligne Joëlle Désir. Mais MSC enregistre aussi une croissance de +200% ».
Le succès des croisières dans les Caraïbes au départ des Antilles françaises est majoritairement porté par la clientèle locale.
« Les Antillais sont un peu comme les Canariens, ils n'ont pas de barrière avec la mer, analyse Emmanuel Joly, directeur commercial de Royal Caribbean International. Ils considèrent la croisière comme la première alternative pour les vacances ».
Si sa compagnie n'opère pas en tête de ligne, elle propose des escales à Fort-de-France à bord de l'Anthem of the Seas. « En hiver, l'immense majorité de nos navires sont basés dans les Caraïbes. C'est une zone attractive, exotique et qui bénéficie d'un effet sécurité. »
Royal Caribbean surfe aussi sur l'effervescence autour de l'Harmony of the Seas, construit dans les chantiers navals de Saint-Nazaire et qui se vend très bien auprès des clients français.
Le marché français concurrencé par les Etats-Unis ?
Quant aux Antilles, elles restent encore estampillées « french touch », rappelle Jürgen Bachmann.
Cela les rend plus accessibles au marché français, mais la Martinique, par exemple, souhaite continuer l'ouverture aux marchés étrangers, qui représentent 17% des arrivées touristiques.
« C'est une volonté politique », ajoute Joëlle Désir. Pour ce faire, le CMT multiplie les éductours, les opérations de communication et le travail avec les bloggeurs notamment.
Des actions sur l'accueil sont aussi prévues pour lisser la basse saison et attirer une clientèle MICE, qui va de pair avec la nomination d'un coordinateur MICE. « Nous allons accentuer le développement du tourisme de la métropole, tout en investissant sur le marché américain, sans venir perturber le marché français, » conclut-elle.
Les voyagistes, eux, suivent ces décisions de près, car s'ils voient l'arrivée de nouvelles lignes aériennes d'un bon œil, ils rappellent aux hôteliers et aux institutions touristiques qu'ils supportent la destination tout au long de l'année, durant la haute, comme la basse saison...
Cela les rend plus accessibles au marché français, mais la Martinique, par exemple, souhaite continuer l'ouverture aux marchés étrangers, qui représentent 17% des arrivées touristiques.
« C'est une volonté politique », ajoute Joëlle Désir. Pour ce faire, le CMT multiplie les éductours, les opérations de communication et le travail avec les bloggeurs notamment.
Des actions sur l'accueil sont aussi prévues pour lisser la basse saison et attirer une clientèle MICE, qui va de pair avec la nomination d'un coordinateur MICE. « Nous allons accentuer le développement du tourisme de la métropole, tout en investissant sur le marché américain, sans venir perturber le marché français, » conclut-elle.
Les voyagistes, eux, suivent ces décisions de près, car s'ils voient l'arrivée de nouvelles lignes aériennes d'un bon œil, ils rappellent aux hôteliers et aux institutions touristiques qu'ils supportent la destination tout au long de l'année, durant la haute, comme la basse saison...